A.La plaine agricole.
[Insérer image A] Au XIXe siècle, la Normandie, en particulier la plaine de Caen, est une région agricole prospère. Les fermes de Ranville se spécialisaient dans l’élevage de bovins et d’ovins. Les terres inondables, entre l’Orne et le canal, étaient souvent utilisées pour faire paître les moutons après le retrait des eaux. Cependant, ces pâturages étaient parfois problématiques, car les moutons tombaient malades en buvant l’eau salée. Les terres mieux drainées à l’est de Ranville, notamment autour du hameau du Mariquet, étaient plus propices à l’élevage bovin et aux cultures de blé, de lin et d’orge.
La plaine de Ranville, située près du bourg, possède une riche histoire agricole qui s’étend du 19e siècle à la première moitié du 20e siècle. À cette époque, le paysage rural à proximité du village était caractérisé par de petites parcelles de terre, souvent délimitées par des chemins ou des murs de pierre, entourant des vergers qui faisaient la fierté des agriculteurs locaux. Ces vergers, principalement composés de pommiers et de poiriers, servaient à la production locale de cidre et d’autres produits locaux, incarnant la polyculture, culture traditionnelle normande. Plus éloignées du village s’étendaient de longues parcelles destinées à la culture du lin et des céréales. Le mode de vie rurale était profondément ancré dans les traditions et dans l’organisation des terres en petites parcelles. Il témoignait de l’équilibre délicat entre la nature et les hommes.
B. La landing Zone N.
[Insérer image B] Dans la nuit du 6 juin 1944, l’opération Tonga, dirigée par le général Gale de la 6ème division aéroportée britannique, s’est déroulée dans la plaine de Ranville. Environ 6 500 soldats de la 6ème division aéroporté britannique ont été largués sur cette plaine, accompagnés de planeurs transportant des canons antichars pour renforcer la défense alliée. Ces forces avaient pour mission de sécuriser des positions clés en Normandie, empêchant ainsi les forces allemandes de contre-attaquer et de déstabiliser le débarquement.
A partir de 1h15, la compagnie A du 13e bataillon entreprend la sécurisation de la zone afin de permettre aux hommes du 591st Parachute Squadron des Royal Engeeners de dégager la plaine des nombreux obstacles crées par les Allemands afin d’empêcher l’atterrissage des planeurs. Parmi eux se trouvait le lieutenant Jack Watson à la tête de sa section, la N°3.
Les planeurs, notamment les Hamilcar, étaient des éléments cruciaux dans la réussite du plan car ils transportaient l’état-major et le matériel lourd de la division. Un de ces planeurs s’est posé précisément entre la route menant à Bréville et celle vers Le Mesnil. Ce type de planeur, conçu pour transporter des équipements lourds comme des chars et des motos, jouait un rôle essentiel dans le déploiement rapide des Alliés. Bill Gladden a volé vers la Normandie le Jour J dans un planeur transportant des chars et six motos. Il décrit son atterrissage comme « peu orthodoxe ». Il raconte qu’au cours du vol, il était collé contre la paroi intérieure du planeur, avec à peine quelques centimètres entre lui et le char. Lorsqu’il est monté sur le char pour voir ce qui se passait, il ne voyait à l’extérieur que des avions et des planeurs allant tous dans la même direction. Puis, tout à coup, ce fut comme frapper un mur de briques : le choc a été si violent qu’il s’est retrouvé projeté en étoile au-dessus du canon du char.
[Insérer image C] A partir de 3h30, le général Gale et son état-major font un atterrissage au moment où les derniers obstacles sont enlevés. Cependant, il ne pourra dégager immédiatement sa jeep et se rendra à pied au château du Home pour y établir son quartier général. Le général
Gale est surpris par le calme qui règne désormais. D’après son témoignage la nuit était seulement troublée par le pas d’un cheval qui broutait tranquillement à proximité.
Dans la soirée du 6 juin, une seconde vague de parachutage et d’atterrissage de planeurs se pose sur la plaine de Ranville. Il s’agit de l’opération Malard. La 6th Airlanding Brigade, ainsi que la 6th RCCE de Bill Gladden viennent renforcer la 6th Airborne. D’après les témoignages le ciel s’est obscurcit sous le nombre des appareils.
C. Le Gliders Pilot Regiment.
[Insérer image D] Le régiment des pilotes de planeurs, formé durant la Seconde Guerre mondiale, a joué un rôle crucial lors du débarquement du 6 juin. En plus de transporter des troupes et des équipements légers, ces pilotes faisaient preuve d’une bravoure exemplaire, atterrissant souvent dans des conditions dangereuses pour permettre aux forces alliées de prendre position rapidement. Les planeurs ne se servaient pas de leur train d’atterrissage pour atterrir. Leurs roues servaient uniquement à faciliter le décollage. Les planeurs devaient donc avoir un angle favorable au moment de toucher le sol afin de ne pas décrocher mais aussi de pouvoir ralentir rapidement au contact du sol. Les pilotes de planeurs étaient considérées comme des spécialistes précieux. Une fois leur mission accomplie, ils devaient rejoindre rapidement l’Angleterre afin de se préparer à d’autre mission. Ils ont donc passé pour la plupart qu’une nuit à Ranville dans des trous d’homme « Fox-Holl » creusé à proximité de leur appareil ou en lisière du village avant de rejoindre rapidement le secteur de Sword Beach.
D. La contre-attaque allemande.
[Insérer image E] Après le succès des premières opérations aéroportées, les forces allemandes ont lancé une contre-attaque féroce pour reprendre le contrôle de Ranville et de ses alentours. Le 10 juin, un intense bombardement d’artillerie a frappé les positions alliées, cherchant à déstabiliser les lignes défensives. Les troupes allemandes, venant de Bréville et d’Escoville, ont tenté de pénétrer dans Ranville en longeant Hérouvillette, en direction du Mesnil, et en se dirigeant vers le hameau de Longueville.
Grâce au soutien de renforts, notamment les chars du régiment britannique des 13/18 Royal Hussars, les Alliés ont réussi à repousser les blindés allemands. Ce soutien mécanisé a joué un rôle déterminant dans la défense de Ranville, permettant de contenir l’assaut allemand et de protéger les positions stratégiques autour de la ville. Les Hussars, avec leurs chars, sont intervenus au bon moment, stoppant les blindés ennemis et permettant aux forces alliées d’organiser des contre-attaques locales. Ainsi, ils ont consolidé leur contrôle sur Ranville et ses environs.
Au cours de cette contre-offensive, les Alliés ont subi des pertes importantes : 8 soldats tués, de nombreux blessés, ainsi que 4 chars Sherman et 2 chars Stuart détruits. Bien que coûteuse, cette victoire a été une étape cruciale dans la consolidation du front en Normandie, assurant ainsi la progression des forces alliées dans les semaines suivant le débarquement.
[Insérer image F ] Après-guerre, la plaine n’a pas été dépolluée immédiatement, le matériel dangereux ou stratégique a été rapidement sécurisé cependant les carcasses de planeurs ou de véhicules calcinées sont restées de longs mois.
Après les combats, les carcasses des planeurs endommagés sont devenues des terrains de jeu pour les enfants de Ranville, servant d’abris ou d’inspiration pour leurs propres aventures.
Ranville étant encore longtemps touchée par les pénuries, beaucoup de matériel a été recyclé, les exemples les plus connus concernent la soie des parachutes qui a servi à fabriquer des robes.
E. les lotissements et la Périurbanisation.
[Insérer image G] Située à proximité de Caen, Ranville a connu plusieurs vagues de développement démographique grâce à sa position privilégiée à proximité de la métropole caenaise et à son cadre paisible. Attirée par la qualité de vie, la proximité des services urbains et des grands axes de transport, une population croissante s’est installée dans la commune.
Dans les années 1970, le lotissement des Longchamps (E1) a marqué une première étape significative dans l’urbanisation moderne du village. Dans les années 1990, le lotissement du Petit Clos (E2) a renforcé l’attractivité résidentielle de la commune, suivi, dans les années 2010, par celui de la Haute Gravelle (E3), qui témoigne de l’évolution continue de Ranville en tant que commune périurbaine dynamique. Ces nouveaux quartiers répondent à la demande croissante de logements tout en essayant de préserver l’identité rurale et historique du village.
F. Vestiges de l’âge du bronze.
.[Insérer image H] En 2016, des fouilles archéologiques précédant la construction du lotissement de la Haute Gravelle ont révélé des traces d’occupations humaines remontant à l’âge du Bronze moyen-final (1500-1200 av. J.-C.). Le site présente notamment une enceinte fossoyée, partiellement mise au jour, et plusieurs bâtiments circulaires construits en bois, suivant un plan typique des régions de la Manche et de la Grande-Bretagne de cette époque.
Ces vestiges rappellent la culture de Deverel-Rimbury, apparue en Grande-Bretagne à la transition entre le Bronze moyen et le Bronze final (vers 1500-1100 av. J.-C.). Elle est connue pour ses enceintes associées à des enclos funéraires et pour l’évolution des pratiques agricoles et sociales.
À Ranville, les bâtiments se distinguent par des dimensions variées et l’absence d’uniformité stricte dans leur construction, suggérant des techniques adaptées aux besoins locaux plutôt qu’un modèle rigide. Le site illustre une organisation ouverte, avec peu de hiérarchie apparente entre les structures, évoquant un hameau évolutif.
G. Le Dojo Sylvie Rouch et le sport.
[Insérer image I] Le Dojo Sylvie Rouch (G) et le centre sportif et culturel, nommé en hommage à une judokate ranvillaise disparue prématurément, sont des lieux centraux pour la pratique sportive et les arts martiaux à Ranville. Le Judo Club de Ranville et la Gym Ranvillaise, tout 2 fondés en 1978, occupent le dojo et contribue à la vie du village tout comme le Club de foot FC de la Baie de l’Orne né de la fusion des clubs des communes de Ranville et d’Amfreville ou le Tennis Club de Ranville qui célèbre en 2025 son 40ᵉ anniversaire. Les Foulées Ranvillaises, course solidaire annuelle, existent depuis plus de 20 ans. Elles rassemblent coureurs et marcheurs autour de causes caritatives le jeudi de la pentecôte.
Des sportifs de haut niveau ont des attaches à Ranville, le patineur artistique Bruno Massot, champion olympique en 2018 à PyeongChang en danse sur glace ou le badiste Alex Lanier qui s’impose comme l’un des plus grands espoirs du badminton français. Champion d’Europe U15 et U17, il devient en 2022 le plus jeune Français à remporter un tournoi international senior. Formé en Normandie, il continue de briller sur la scène mondiale.