La Vallée et le hameau de Longueville

A.Le Hameau de Longueville.

[insérer Image A] Le hameau de Longueville se trouve à proximité du pont sur l’Orne et de la route menant vers l’Ecarde et Sallenelles. Il est aussi le plus proche de la ligne de tramway. Ce hameau est composé en 1921 de 13 maisons, abritant 15 ménages et environ 55 individus. Sa population est relativement stable pendant toute la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Sa population est composée essentiellement d’ouvriers et de journaliers et quelques artisans.

B. Le Calvaire et la fresque Main dans la Main.

[Insérer Image b] A l’entrée du hameau, se trouve un calvaire inauguré en 1910. Les calvaires sont des éléments omniprésents du paysage normand au XIXe et au début du XXe siècle. De nombreux monuments religieux furent érigés, souvent construits à des croisements pour symboliser la protection divine mais aussi être vue du plus grand nombre. L’industrialisation du XIXe a été une importante période de déchristianisation. Les calvaires sont un moyen de réaffirmer la présence catholique dans les campagnes. Leur inauguration donne lieu à une grande procession. Le Calvaire a été sérieusement malmené pendant les opérations militaires de juin 1944. Seul le christ est d’origine, cette statue a longtemps été criblée de balles et posée au pied de la croix.

[insérer Image c] Pour le 80e anniversaire du Débarquement, l’artiste Isabelle Lecordier et les élèves des écoles de Ranville ont réalisé une fresque commémorative. Elle représente un phénix survolant la plaine de Ranville, avec en arrière-plan le parachutage de juin 1944.

[insérer Image D] Sur les côtés, des empreintes de main d’enfants, de vétérans et de familles de soldats ayant appartenu à des unités ayant combattu ou traversé Ranville en 1944 viennent s’intégrer à l’œuvre. Cette fresque symbolise la mémoire partagée entre générations et l’hommage rendu à ceux qui ont vécu ces événements.

C. La ligne de Tramway.

[insérer Image e] Au XIXe siècle, le développement des transports en commun en France a connu un essor important, particulièrement avec l’arrivée du ferroviaire. Dans ce contexte, la ligne de tramway Decauville entre Caen et Dives a joué un rôle essentiel dans la connexion des villes côtières du Calvados.

La ligne de tramway qui porte le nom de l’ingénieur Paul Decauville, était une voie étroite, d’environ 60 cm conçue pour le transport de marchandises et de personnes. Le projet visait à relier les villes de Caen, important centre économique et administratif, avec la station balnéaire de Cabourg, qui attirait de nombreux touristes dès la fin du 19ème siècle. Cette ligne permettait également de desservir plusieurs villages et bourgs entre ces deux localités, dont Ranville, situé sur le trajet.

La ligne faisait environ 35 km et longeait en partie la rivière Orne. Elle traversait des villes et villages comme Bénouville, Ranville, Sallenelles, et Merville-Franceville avant d’atteindre Cabourg.

Le tramway offrait une solution efficace et rapide aux problèmes de transport, notamment pour les paysans et les artisans locaux qui pouvaient ainsi expédier leurs produits agricoles ou artisanaux vers Caen ou Cabourg plus facilement qu’auparavant. Ranville se trouvait ainsi à seulement une heure de Caen.

La montée de la route entre le pont de Ranville et l’Ecarde, pouvait parfois donner lieu à des scènes assez cocasses. Il est arrivé, en effet, que la machine patinant sur les rails ne parvint pas à tirer son convoi. On invitait alors les voyageurs à descendre pour alléger la charge puis, munis de caisses à sable, les contrôleurs précédaient la locomotive en soupoudrant les rails pour en améliorer l’adhérence. Une fois la côte montée, les voyageurs remontaient précipitamment et le train repartait.

D. Le Pont de Ranville et les traces des ponts flottants.

[insérer Image G] Construit d’après des plans de Gustave Eiffel, le pont de Ranville fut un pont tournant jusqu’au milieu des années 1970. Il permettait le passage des bateaux à destination du Havre.

Le pont a joué un rôle crucial le 6 juin 1944 lors du Débarquement. Contrairement à la légende popularisée par le film le jour le plus long, ce n’est pas sur le célèbre Pegasus Bridge, capturé à 00h15 mais sous le feu ennemi toute la journée, que Bill Millin joua de la cornemuse en tête des troupes alliées. C’est sur le pont de Ranville. Ce pont était moins exposé que celui de Bénouville, qui lui a été traversé en courant par les soldats, cachés derrière les fumigènes.

Le pont de Ranville portait le nom de code Euston 2. Il est capturé par les équipages de deux planeurs britanniques, permettant ainsi aux Alliés de sécuriser un passage vital sur l’Orne. L’opération initiale prévoyait trois planeurs, mais une erreur de navigation fit atterrir le troisième près de Périers-en-Auge. La très faible garnison allemande, stationnée dans un ancien restaurant, fut neutralisée rapidement grâce à des tirs de mortier précis.

[insérer Image H] Le pont sur l’Orne permit aux troupes britanniques de la 6e Airborne de progresser vers leurs objectifs, facilitant les opérations futures comme Goodwood et Paddle. À proximité de ce pont, un bac permettait également la traversée de l’Orne, avant d’être remplacé par des ponts flottants édifiés par les Britanniques pour accélérer le passage des troupes. Les traces de ses pontons sont encore visibles à marée basse.

E. Le débarcadère, l’ancien café du pont et la maison du Pontonnier.

[Insérer Image I] Au XIXe siècle, Ranville possédait un débarcadère sur la ligne maritime reliant Caen et Le Havre. Des bateaux à vapeur transportaient passagers et marchandises, facilitant les échanges commerciaux régionaux. Cette ligne allait jusqu’à Southampton. Cette liaison était un axe important pour le commerce de produits locaux, comme le blé et le textile, jusqu’à ce que le chemin de fer et le canal prennent progressivement le relais.

En 1898, le bateau qui a assuré la ligne fut bloqué par les glaces devant Longueval. Il fallut débarquer les bêtes et les faire manger sur la rive pour éviter qu’elles ne crèvent.

[Insérer Image J] L’ancienne maison du pontonnier, chargée autrefois de la manœuvre du pont tournant, se trouve sur le côté opposé au café du pont situé près du débarcadère. Pendant la guerre, la maison du pontonnier a été très sérieusement endommagée. Des ranvillais étaient réquisitionnés pour en assurer la garde la nuit. Le café lui se situait à proximité du débarcadère et du port. Il était un lieu de convivialité important.

F. L’Ecarde, La zone logistique de la 6ᵉ Airborne.

[insérer Image k] La vallée de l’Orne devint une zone stratégique, où les unités de soutien de la 6e Airborne, notamment le Royal Army Service Corps, établirent des postes, des entrepôts de munitions et d’autres infrastructures militaires dans les fermes locales. Pendant plusieurs semaines, ces unités furent sous le feu régulier des tirs d’armes légères allemandes.

Ce secteur de L’Écarde, tire son nom du normand dialectal qui sert à désigner un lieu isolé en et éloignée du bourg. Ce terme, d’origine médiévale, évoque un espace écarté ou séparé, typique des toponymes ruraux normands. La ferme de l’Ecarde abritait la poste aux armées britannique. Les graffitis des soldats britanniques s’entremêlent au graffiti des ouvriers agricoles qui les ont précédés.

G. Les champs gagnés sur la mer au XIXᵉ siècle.

[insérer Image F] Au XIXe siècle, des travaux d’assèchement des marais ont permis de gagner des terres sur l’eau. Grâce à des fossés de drainage et à la construction de digues, ces zones marécageuses ont été transformées en prairies exploitables. Contrairement aux terres situées sur la plaine, qui étaient davantage consacrées aux cultures agricoles, ces nouvelles terres étaient principalement dédiées à l’élevage ovin. Les habitants ont ainsi pu profiter de nouvelles terres et la commune a vu son territoire s’agrandir.