L’Aiguillon

A. L’Aiguillon

[insérer l’image A] L’Aiguillon est un ruisseau paisible qui traverse le hameau du Mariquet, marquant la séparation naturelle entre Ranville et Hérouvillette. Modeste mais essentiel, ce cours d’eau structure le paysage de la commune et alimente les lavoirs, qui, jusqu’au milieu du XXe siècle, étaient au cœur de la vie sociale et économique de Ranville.

B. Le Lavoir.

[Insérer l’image B] Jusqu’à l’apparition des machines à laver, les lavoirs étaient des lieux essentiels où les femmes du village se retrouvaient pour accomplir ensemble la corvée de la lessive. Dans une époque marquée par le travail manuel exténuant, ces espaces offraient aussi des moments de répit et d’échange. À genoux dans des baquets garnis de paille, elles battaient et rinçaient draps et chemises tout en discutant, plaisantant et chantant. Les nouvelles du village circulaient au rythme des battoirs, créant des liens solides entre les habitantes.

Les draps et linges étaient ensuite étendus au soleil dans les champs environnants pour sécher. Plusieurs lavoirs existaient à Ranville, dont six furent construits en 1845 à Longueval, sur l’Orne et le long de l’Aiguillon, au Bas de Ranville, pour un coût de 4 300 francs.

En 1848, sous l’impulsion du maire Gustave Bacon, un nouveau lavoir fut construit près du Pont Locheur, dans le hameau du Mariquet, pour un budget de 600 francs.

C. Le pavillon du Général de Brye :

[insérer l’image C ] Proche du parc du château, se trouve un manoir de style Louis XV. Cette belle maison de maitre a été acquise par Hortense Verrier épouse de Brye. Elle devient le refuge de son époux loin des bruits et des cris de ses enfants et petits-enfants. C’est dans ce lieu calme qu’il rédige ses mémoires.

D. Les Fermes Anciennes et le passé agricole de Ranville.

[insérer l’image D ] Le hameau du Mariquet est parsemé de fermes datant du XIXe et du début du XXème siècles, construites en pierre calcaire locale. Ces fermes familiales étaient le cœur de la vie agricole de Ranville, employant métayers et de nombreux ouvriers agricoles.

La vie rurale à Ranville était marquée par une solidarité forte entre les familles et voisins, qui s’entraidaient lors des travaux agricoles. Les foires locales étaient des moments clés pour vendre le bétail, échanger des nouvelles et renforcer la cohésion sociale. Les femmes jouaient un rôle central dans la gestion des tâches agricoles, notamment la traite des vaches.

E. Le Pont Locheur.

[insérer l’image E] Situé sur l’Aiguillon, le pont tire son nom de l’ancien français ou patois normand, où le verbe « locher » signifiait boiter ou branler. Ce terme décrivait couramment quelque chose d’instable ou de mal ajusté, souvent en référence à un objet qui se déplace ou vacille de manière irrégulière.

Le nom fait référence à l’état autrefois peu stable du pont, en raison d’une pierre mal ajustée qui « lochait », donnant l’impression que le pont pouvait vaciller sous le poids des passants. Un pont dit neuf sera inauguré quelques années plus tard.

F. La Rue du Four à Chaux.

[insérer l’image F] La rue du Four à Chaux tire son nom des fours utilisés autrefois pour produire de la chaux. Cette dernière, fabriquée en brûlant du calcaire extrait des carrières voisines le long de l’Orne, était utilisée dans l’agriculture pour enrichir les sols et dans la construction des fermes et maisons locales. Le sous-sol calcaire de Ranville a donc façonné l’économie locale pendant des siècles.

Cette rue fut également le théâtre de combats violents durant la Seconde Guerre mondiale, en juin 1944. Des troupes aéroportées britanniques affrontèrent les forces allemandes le long de cette voie. Des photos d’époque montrent des soldats britanniques escortant des prisonniers allemands dans cette rue, illustrant la violence des affrontements. Ce secteur a été durement éprouvé les 9 et 10 juin lors de la contre-offensive allemande.

G. Le Chemin Anglais.

[insérer l’image G] Ce chemin mène à Hérouvillette et fut entretenu par les Royal Engineers britanniques, car il permettait la liaison entre les deux communes, un secteur clé du dispositif défensif britannique. Il facilitait l’acheminement rapide d’hommes, d’ordres, de munitions et de ravitaillement d’un point à un autre, et permettait également l’évacuation des blessés. L’état-major de la 5th Brigade se trouvait à proximité, au château du Mariquet, tandis que l’hôpital de campagne de la 6th Airlanding Brigade, dont dépendait le régiment Ox and Bucks stationné à Hérouvillette, était également proche. Pendant la contre offensive allemande du 9 et 10 juin, il était aussi situé à proximité de la ligne de front tenue par le 12th Devonshire.

H. Ranville sous l’occupation allemande.

[insérer l’image H] Pendant la Seconde Guerre mondiale, les fermes de Ranville, autrefois paisibles, devinrent des lieux stratégiques. Réquisitionnées par les Allemands, elles furent ensuite utilisées par les troupes britanniques après le Débarquement de 1944. Les Allemands y avaient installé des émetteurs radios, et les habitants creusèrent des tranchées dans leurs jardins pour abriter leurs familles. Ces tranchées, souvent améliorées grâce aux conseils de vétérans de la Première Guerre mondiale, servaient de refuge durant les bombardements.

Pendant l’occupation allemande, de 1940 à 1944, Ranville vécut sous la présence constante des troupes d’occupation. Ces soldats, souvent des hommes plus âgés, étaient éloignés du front et cherchaient le calme et n’entraient pas forcément en tension avec les habitants. Malgré cela, les réquisitions de nourriture, de logement, de matériel et d’hommes créaient des tensions entre la population locale et les troupes d’occupation.

Les postes de radios et les armes en particulier de chasse étaient recensés et confisqués. Les agriculteurs avaient obligation d’utiliser le fumier des chevaux de l’armée allemande qui restait largement hippomobile. Les hommes pouvaient aussi être réquisitionnés pour monter la garde à proximité des lignes de communication.

I.Ranville et les Anglais pendant l’été 1944.

[insérer l’image I] Le 6 juin 1944, tout change avec l’arrivée de la 6e division aéroportée britannique, composée de près de 10 000 soldats parachutistes. Ranville, qui comptait à l’époque 600 habitants, devint un théâtre d’opérations militaires intenses. Si certains soldats britanniques se montraient respectueux envers la population, d’autres, fatigués et parfois alcoolisés, adoptaient des comportements plus agressifs, notamment en recherchant du Calvados ou en se livrant à des pillages opportunistes dans des maisons abandonnées.

L’unité de reconnaissance blindée de la 6e division aéroportée britannique, le 6th Airborne Armoured Reconnaissance Regiment, fut stationnée dans le secteur pour protéger le quartier général de la 5e brigade, installé au château du Mariquet. Les chars légers Tetrarch et les Brent Carrer, des blindés légers de soutien d’infanterie, débarqués par planeurs, causèrent parfois des dégâts aux fermes locales. Ces dommages de guerres, valurent tensions, discussions et réparations.

[insérer l’image J ] Insérer image Dans la fin d’après-midi du 9 juin, une violente contre-offensive allemande précédé d’intenses bombardements, est menée par des blindés venant d’Escoville. Le 12e Bataillon, Devonshire Regiment, tient les positions entre Hérouvillette et Ranville face à Ste Honorine de la Chardronnette. L’offensive se tient en soirée et elle est précédée d’un violent bombardement. Les troupes allemandes s’enfonceront profondément dans le dispositif anglais et seront arrêtés à quelques centaines de mètres du château Bruder.

Une autre offensive menée le 18 juin par ce même axe tentera de percer les lignes alliées. Un jeune motocycliste britannique, Bill Gladden, fut grièvement blessé lors de ces combats.

J.Major Charles Strafford (1914-1993)

[insérer l’image K] Officier en charge de l’éducation et de l’information des troupes, Charles Strafford est à l’origine de *Pegasus*, le journal d’information de la 6th Airborne destiné aux soldats. Cette petite feuille quotidienne, contenant un dessin et quelques brèves, est conçue pour entretenir le moral des troupes. Plus tard, elle deviendra le bulletin de liaison des vétérans. Charles Strafford organise également des séances de théâtre ou de musique pour la troupe ou l’état-major.

Charles Strafford a sa première expérience de la guerre en France en 1940. Il participe alors au corps expéditionnaire britannique (BEF) et rembarque à Saint-Malo au moment de la débâcle. Il prend également part aux différentes opérations de la 6th Airborne après la Normandie, notamment dans les Ardennes et lors du passage du Rhin.

Après la guerre, il devient rapidement l’un des principaux organisateurs du pèlerinage annuel des vétérans britanniques, prenant en charge leur accueil et l’organisation de ces rencontres en France.

Il passe six mois de l’année dans les îles anglo-normandes, où il est inspecteur des écoles, et le reste du temps à Ranville, où il organise la venue des vétérans. Il s’installe à proximité du Pont Locheur. Une plaque lui a été dédicacé à proximité du Moulin ainsi qu’une rue dans le lotissement des Longchamps.

Lors de ses passages à Ranville, il organise un concours qui récompense les meilleurs travaux des élèves de l’école de Ranville en lien avec le débarquement. Depuis 2022, la commune de Ranville avec le soutien du Musée Mémorial Pegasus à relancer ce concours.