Le Bas de Ranville

Le hameau du Bas de Ranville, situé en contrebas du village principal, comptait 34 maisons, et 130 habitants lors du recensement de 1921. Sa population, est relativement stable au fil des décennies avec 128 habitants en 1911 et 126 en 1936. Le hameau reflète une mixité sociale, caractéristique des petites communautés rurales de l’époque. On y trouvait des artisans, des journaliers agricoles, des domestiques, mais aussi quelques professions intellectuelles, témoignant de la diversité des activités économiques locales. Ce hameau concentrait aussi quelques commerces de proximité.

A. La vieille croix de pierre.

[Insérer Image A] La vieille croix-de-pierre (A), un des plus anciens calvaires de Ranville, à l’entrée du chemin menant à l’église est perché en haut d’un talus. Elle fut, dit-on, au cours de la révolution de 1789, un enjeu symbolique constant entre les Bleus, républicains et les blancs, monarchistes. Elle fut renversée par les uns et redressée par les autres, tour à tour.

B. Le château du Hom, quartier général de la 6th Airborne et du général Gale.

[Insérer Image B] Le château du Hom (B), incarne l’élégance du XVIIIe siècle. Construit sous Louis XV et agrandi sous Napoléon III, il est entouré d’un vaste parc planté de séquoias centenaires et traversé par la rivière Aiguillon. Ce château a traversé les âges, passant entre les mains de plusieurs familles, dont les Mazier et les Barbet. Au XXe siècle, il est acquis par la famille Doix en 1929, désireuse de fuir les traumatismes de la Première Guerre mondiale. Durant la Seconde Guerre mondiale, bien que non réquisitionné par les Allemands, le château hébergea des officiers allemands avant leur départ, un mois avant le Débarquement de 1944.

[Insérer Image C] Le 6 juin 1944, jour du Débarquement allié, le château du Hom devint le quartier général du général Richard Gale, commandant la 6e division aéroportée britannique. Cette division joua un rôle crucial dans la sécurisation des ponts stratégiques de Ranville et Bénouville, facilitant ainsi l’avancée des troupes alliées en Normandie. Le château, par sa proximité avec ces points névralgiques, offrait une position idéale pour diriger les opérations. Les Doix, propriétaires du château, ont cohabité quelque temps avec le Général et son état-major.

Le général Richard Nelson Gale (1896-1982) est une figure emblématique des forces aéroportées britanniques durant la Seconde Guerre mondiale. Né en 1896, il s’engage dans l’armée britannique en 1915 et sert durant la Première Guerre mondiale. Pendant l’entre-deux-guerres, il occupe divers postes au sein de l’armée britannique. Sa carrière prend un tournant décisif avec la formation des unités aéroportées.

En 1943, Gale est choisi pour commander la nouvelle 6th Airborne Division, une division d’infanterie parachutiste. Il a pour mission de transformer cette unité en une force d’élite capable de mener des opérations aéroportées derrière les lignes ennemies. La 6th Airborne se distingue par sa capacité à combiner des parachutistes et des troupes transportées par planeurs, soutenues par l’artillerie et des véhicules légers pour mener des missions rapides et décisives.

C. Le château de Guernon-Ranville et la 225ᵉ Parachute Field Ambulance.

[Insérer Image D] Le château de Guernon-Ranville, (C) a appartenu à la famille Guernon-Ranville pendant près de deux siècles (1751-1926). Roger de Guernon, un des membres les plus illustres de cette famille, fut le premier maire de Ranville après la Révolution. Son fils, Martial de Guernon-Ranville, marqua l’histoire en devenant ministre de l’Instruction publique sous Charles X. Après sa participation aux Trois Glorieuses de 1830, il fut emprisonné avant d’être assigné à résidence dans son château, où il mourut en 1866.

Durant l’été 1944, le château de Guernon-Ranville fut réquisitionné pour accueillir l’hôpital de campagne de la 225th Parachute Field Ambulance, une unité médicale britannique dirigée par le lieutenant-colonel Bruce Harvey. Après le parachutage des troupes britanniques le 6 juin 1944, cette unité s’installa dans le château pour soigner les nombreux blessés des combats violents autour de Ranville. Situé à proximité des zones de largage et des ponts, le château devint un point central de l’effort médical pendant les premières semaines de la bataille de Normandie. Entre le 6 et le 18 juin 1944, l’hôpital de campagne soigna près de 400 blessés, malgré les bombardements et les tirs ennemis constants.

D. Le belvédère du château.

[Insérer Image E] Ce château comportait un belvédère(D) aujourd’hui disparu. Il offrait une vue imprenable sur la campagne normande environnante. Un belvédère, du mot italien belvedere signifie « belle vue, » est une structure surélevée, souvent un pavillon, une terrasse ou une tour, conçue pour admirer les paysages. Situé au cœur du domaine familial, celui de Guernon-Ranville permettait d’admirer les paysages verdoyants et les terres agricoles qui entouraient le château.

E. La grange dimère.

[Insérer Image F] Autrefois au centre de la vie rurale, le Bas de Ranville abritait une grange dîmière (E), un bâtiment servant à entreposer la dîme. Ce prélèvement de 10 % des récoltes était une obligation imposée par l’Église catholique jusqu’à la Révolution française. Les paysans de la paroisse de Ranville apportaient leurs récoltes à cet édifice, qui appartenait à l’abbaye aux Dames de Préaux. Ce domaine religieux avait été offert par Guillaume le Conquérant en 1082. Bien que la grange n’existe plus, il reste un portail en pierre qui rappelle ce passé agricole. L’ensemble de deux fermes historiques, dont la grange faisait partie, reste parmi les bâtiments les plus anciens de la commune.

F. Le réseau de pompes et de puits publics.

[Insérer image H] Ranville a bénéficié au XIXème siècle et dans la première moitié du XXème siècle d’un réseau de puits et pompes publiques. Ces points d’eau ont longtemps constitué la principale source d’approvisionnement en eau des habitants même si certaines habitations possédaient des puits privés. On en retrouve à Longueval, impasse Palmade ou chemin du Heaume ils répondaient aux besoins domestiques et agricoles avant la généralisation des réseaux d’eau courante.

G. La Maison du Bourg-Neuf.

[Insérer Image G] A proximité du hameau du bas de Ranville, en prenant la route de la vallée en direction du Longueville on traverse le Bourg Neuf. L’une de ces maisons typiques du début du siècle abritait 3 familles et était destinée à accueillir les ouvriers. Cette maison est considérée comme l’une des premières à avoir été libérée par les parachutistes ayant manqué la zone d’atterrissage. Des parachutistes britanniques de la 6e Airborne se sont regroupés dans cette maison et ont soigné leurs blessés dans une cuisine tout en proposant du chocolat aux enfants de la famille qui étaient très intimidés.

H. Le lotissement des Castors.

[Insérer Image I] Dans les années 1950, c’est à proximité que s’établit le lotissement des Castors, grâce à un mouvement coopératif exceptionnel et dynamique. Dans une France en pleine reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux habitants ont uni leurs forces pour bâtir ensemble leur propre maison. Ce projet, basé sur l’entraide et le partage des compétences, a permis à des familles de travailleurs de devenir propriétaires à moindre coût. A Ranville, monsieur Henri Robin à été l’un d’entre eux. Aujourd’hui, la salle des fêtes porte son nom.

Ce quartier, devient un symbole de solidarité et de détermination, illustrant l’esprit communautaire de l’après-guerre. Les maisons, construites avec soin et simplicité, restent aujourd’hui un élément emblématique du patrimoine de Ranville et témoignent d’une époque où la collaboration était la clé de la réussite collective.