Le hameau de Longueval, situé sur les bords de l’Orne en Normandie, possède un riche patrimoine historique et culturel. Il est situé à l’abri des regards, à l’écart du bourg de Ranville et à proximité du bourg industriel de Colombelles. Ce hameau, régulièrement le second en taille de population, après celui du Mariquet, compte 139 habitants en 1921. Sa population est composée de commerçants et d’artisans travaillant à Colombelles, d’ouvriers agricoles et de nombreux sablonniers.
A. Héritage Maritime, l’Orne et le sable.
[insérer image A] Les sablonniers sont des ouvriers spécialisés dans l’extraction, le transport et la vente de sable, sable utilisé notamment dans la construction, l’agriculture ou l’industrie. Le métier de sablonnier était particulièrement important dans les régions où le sable était nécessaire pour fabriquer du mortier, des briques ou du béton, avant l’industrialisation et la mécanisation des matériaux de construction. En milieu rural, le sable pouvait être utilisé pour les travaux agricoles, comme le drainage des sols.
Longueval avec son accès direct à la mer via l’Orne, permettait à ses ouvriers de remonter la rivière pour extraire du sable de mer à marée basse. Ces matériaux, transportés sur de petites péniches tirées par des chevaux longeant le chemin de halage, étaient acheminés vers Caen pour la construction. Avec la création du canal de Caen à la mer, l’Orne fut progressivement abandonnée pour ce type de trafic.
B. Les Carrières de Pierre Réputées.
[insérer image B] Longueval se distingue également par ses carrières de pierre (B), exploitées depuis des temps immémoriaux. Ces carrières fournissaient une pierre de qualité utilisée dans de nombreuses constructions locales, et même au-delà des frontières françaises. On raconte que la célèbre cathédrale de Westminster à Londres aurait été construite avec la pierre extraite de Longueval. Bien que cette affirmation soit discutée, elle témoigne de la renommée des carrières de la région au début du XVIIe siècle.
C. Le château de Bellevue.
[insérer image D] A proximité de Caen et de Colombelles, le hameau abritait aussi une population aisée en recherche de calme et d’espace à proximité de la ville. Ces populations se faisaient bâtir de belles demeures comme le château de Bellevue ainsi nommé en raison de son balcon en fer forgé donnant sur la vallée de l’Orne et offrant un merveilleux point de vue.
D. Le château de Longueval, son parc et sa chapelle, QG du 1st RUR et cimetière provisoire de l’armée britannique.
[insérer image E] Longueval possède aussi un autre château lui aussi construit au début du XIXème siècle mais ravagé en 1930 par un incendie et reconstruit à l’identique par Monsieur Davoine. Ce château était doté d’une chapelle.
A partir du 7 juin 1944, ce château deviendra le QG du 1St Ulster Rifle Regiment). C’est aussi dans le parc de ce château que sera établi un cimetière provisoire qui témoigne des combats intenses menés dans cette partie du village.
Pendant les combats, les corps étaient identifiés, enregistrés et enterrés rapidement dans des sépultures provisoires, marquées par des croix de bois rudimentaires, souvent fabriquées sur place. À la fin des combats, les Graves Registration Units exhumèrent les corps pour les transférer vers des cimetières militaires permanents, comme celui de Ranville, géré par la Commonwealth War Graves Commission.
[insérer image N] Parmi les vestiges de ce cimetière temporaire, une croix en bois, fabriquée dans l’urgence par des camarades de combat, a été conservée et est désormais exposée au musée Pegasus Bridge à Ranville.
E. Le 1er bataillon du Royal Ulster Rifles (1st RUR).
[insérer image F] Caen, objectif principal de l’armée anglaise le 6 juin, n’est qu’à quelques kilomètres de Longueval. Le matin du 6 juin, les 12e et 13e bataillon du parachute régiment de la 6e Airborne s’emparent de Ranville. Dans la soirée, les planeurs de l’opération Mallard déposent dans la plaine de Ranville les soldats aéroportés du 1st bataillon The Royal Ulster Régiment , chargés de libérer Longueval et le village voisin de Sainte-Honorine-la-Chardronnette.
À partir de 9h00 le 7 juin, les compagnies A et B pénétrèrent dans Longueval sans rencontrer de résistance immédiate. Cependant, elles seront bientôt prises sous un intense bombardement allemand retranché à Colombelles. Les troupes avanceront vers Sainte-Honorine, un village clé pour la consolidation du contrôle allié dans la région. Mais après avoir pris pied dans ce village, les forces britanniques seront contraintes de battre en retraite face à une contre-attaque allemande appuyée par de l’artillerie lourde. Longueval restera le point le plus avancé.
F. Les combats de Longueval et l’escalier des Anglais.
[insérer image G] Le 9 juin, le 1 St RUR, appuyé par le 12e Bataillon du Parachute Regiment tente de nouveau de s’emparer de Ste Honorine. Les parachutistes venant de Ranville empruntent le chemin de halage le long de l’Orne et remontent sur Longueval par l’escalier à côté de la pompe. Les troupes britanniques sont soumises à un intense bombardement et d’incessant tir de sniper. L’attaque ne peut avoir lieu et le dispositif défensif est fortement ébranlé par la présence d’un canon automoteur allemand qui pénètre dans Longueval. Ce passage abrité et cet escalier vont servir de « ligne de vie » et de ravitaillement au troupes stationnée à Longueval et éloigné du cœur de la division. En temps de paix cet escalier permettait d’accéder au lavoir de Longueval.
Le 13 juin, les troupes écossaises du 5e bataillon des Cameron Highlanders lancent à leur tour une attaque depuis Longueval en direction de Sainte-Honorine. Bien que l’attaque initiale ait été un succès, une contre-attaque allemande força les Alliés à se replier. Ce jour-là le bataillon eut 115 hommes mis hors de combat.
[insérer image H] Pendant plus d’un mois, Longueval va être situé sur la ligne de front, Sainte Honorine de la Chardonnette et Colombelles n’étant libérées que mi-juillet par les troupes britanniques et canadiennes.
G. Le réseau de pompes et de puits publics.
[Insérer image I] Ranville a bénéficié au XIXème siècle et dans la première moitié du XXème siècle d’un réseau de puits et pompes publiques. Ces points d’eau ont longtemps constitué la principale source d’approvisionnement en eau des habitants même si certaines habitations possédaient des puits privés. On en retrouve à Longueval, impasse Palmade ou chemin du Heaume ils répondaient aux besoins domestiques et agricoles avant la généralisation des réseaux d’eau courante.
H. L’école de Longueval (1945) et La Mairie annexe.
[Insérer image J] Après la guerre, Longueval, qui abritait de nombreux ouvriers œuvrant à la reconstruction de Caen, obtint l’autorisation de créer une école en 1945, pour répondre aux besoins des familles du hameau. Les enfants devaient auparavant parcourir huit kilomètres pour se rendre à l’école. Ce Chemin parfois semé d’embuches permettait aux enfants du bourg de monter d’amicales embuscades dans le goût de la « guerre des boutons ». Le Conseil municipal vota la mise en place d’une classe unique mixte dans un baraquement gratuit. Le baraquement n’était pas encore aux normes thermiques et forcément non adapté à l’accueil d’enfants, ce qui engendra des échanges parfois houleux avec les services propriétaires du baraquement.
[Insérer image K] A côté se situe une maison construite au début du XIXème et qui était une dépendance du château avant de devenir un temps une mairie annexe.
I. Les vestiges de l’âge de fer.
Des fouilles préventives (L) menées à Longueval ont révélé un important site archéologique datant de l’Âge du Fer (Ve-Ier siècle av. J.-C.). Ce site comprend un habitat rural à enclos qui a perduré pendant plusieurs siècles ainsi que des espaces funéraires.
Les recherches ont mis en évidence des sépultures, dont certaines contenaient des parures en verre et en lignite, témoignant du statut des défunts. Des vestiges d’habitats, comprenant des bâtiments sur poteaux, des fosses de stockage de céréales et des fours bien conservés, illustrent l’organisation et le mode de vie de cette communauté ancienne. Un puits profond de cinq mètres, l’un des rares identifiés dans la région, témoigne également de l’ingéniosité des habitants pour la gestion de l’eau.
Ces découvertes apportent un éclairage précieux sur l’occupation du territoire à l’Âge du Fer et sur l’interaction des populations avec leur environnement.
J. La cimenterie.
[insérer image C] La tradition de l’exploitation du calcaire se poursuit aujourd’hui avec la cimenterie de Ranville, un site industriel majeur de la commune. Construite en 1964, par la Société des Ciments Français, elle a été implantée à proximité immédiate de riches gisements de calcaire, essentiels à la production de ciment.
Cette proximité avec les matières premières a permis à l’usine de bénéficier d’un approvisionnement direct en calcaire, extrait des carrières locales, optimisant ainsi le processus de fabrication. En 1992, la cimenterie a intégré le groupe Italcementi, puis, en 2016, elle est devenue une filiale du groupe Heidelberg Materials, l’un des leaders mondiaux des matériaux de construction.
La cimenterie de Ranville a été pionnière en matière de gestion environnementale. En 1998, elle est devenue la première cimenterie française à obtenir la certification ISO 14001, reconnaissant son engagement envers la protection de l’environnement et la mise en place de systèmes de management environnemental rigoureux.
K. Les paysages de la vallée de l’Orne.
[insérer image M ] Le paysage de Longueval a bien changé au fil des siècles. Autrefois, on y voyait des herbages et des pâturages où paissaient vaches et chevaux. Aujourd’hui, le développement industriel de l’agglomération caennaise, notamment avec la présence des hangars de Renault
Trucks, a transformé une partie du paysage du hameau. Cependant, Longueval conserve son charme rural et ses traditions visibles à travers ses maisons anciennes et son patrimoine architectural.