Le Hameau du Mariquet

A. L’ancienne rue de la Poste.

[Insérer image A] L’ancienne rue de la Poste, située dans le hameau du Mariquet, l’un des sept hameaux qui composent Ranville, est celui où se trouve le cœur historique du village. Ce hameau est l’un des plus importants et regroupe plusieurs maisons datant des XVIIIe et XIXe siècles, construites en pierre de Ranville, typique de la région.

Un peu à l’écart des voies de communication, protégées par des hauts murs solides en pierre, certaines de ces maisons ont accueilli de nombreux habitants pendant la contre-offensive de juin 1944. La maison de la famille Palmade ainsi que le moulin de la rue des Monts ont servi de refuge à la population civile et notamment à l’instituteur et secrétaire de Mairie Pierre Hilly. Les hauts murs et les solides coins en pierre offraient des refuges face au tir de balles et aux explosions d’obus de mortier.

En parcourant cette rue, on peut observer d’anciennes vitrines qui sont aujourd’hui des habitations privées, alors qu’elles étaient autrefois des commerces locaux. La rue au moins comptait une épicerie, un menuisier, une forge, une boulangerie et la résidence de personnel du château.

La rue abrite également de nombreux vergers, protégés par de hauts murs de pierre, ainsi qu’un petit bois en fond de terrain.

B. Le château du Mariquet.

[Insérer image B] Le château du Mariquet est construit au début du XVIIIe siècle dans le style Directoire, principalement en brique et en pierre. En 1830, Bernard Verrier, un armateur et négociant de Caen, fait l’acquisition du domaine. Il deviendra maire de Ranville.

Plus tard, le domaine passe à sa petite-fille Hortense Verrier, qui épouse le général Arthur de Brye en 1873. Cette demeure, modeste à l’origine, est agrandi vers 1880 par la comtesse de Brye, qui y ajoute un pavillon et des tourelles.

Le château joue également un rôle durant la Seconde Guerre mondiale. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, alors que les troupes aéroportées alliées sautent sur la Normandie, la comtesse avertit les soldats britanniques de la présence de soldats allemands dans son château, facilitant leur capture.

Le château devient par la suite le quartier général de la 5ème brigade parachutiste britannique, sous le commandement du brigadier-général Poëtt. Cette brigade a pour mission de sécuriser Ranville et de protéger les ponts stratégiques jusqu’à l’arrivée des troupes venues de la mer.

C. Le moulin à eau de la rue des Monts.

[Insérer image C] Un peu plus loin, la rue des Monts révèle la présence d’un ancien moulin à eau (C) qui est alimenté par le ruisseau de l’Aiguillon, lequel traverse le hameau du Mariquet.

D. et E. Les demeures et fermes du XVIIIème siècle et l’entrée de la Rue Froide.

[Insérer image E] A l’angle de la rue Froide (E) et de l’actuelle rue du Général Leclerc, il est possible d’observer une authentique ferme du 18ème siècle restaurée (D). Sur le pignon de la maison, se trouvent les vestiges d’une ancienne cheminée, coupée lors des travaux de réaménagement de la rue dans les années 1980. Cela correspondait à la salle des communs.

F. Le général Arthur De Brye.

[Insérer image F] Arthur de Brye (F) naît en août 1836 à Metz. Il participe à la guerre entre la France et l’Autriche en 1859, où il s’illustre à la bataille de Magenta. À seulement 23 ans, il reçoit la Croix de la Légion d’Honneur après avoir été blessé par balle dans la hanche, alors que son cheval l’emporte dans les rangs autrichiens.

En 1861, Arthur de Brye devient capitaine et est affecté à Caen en tant qu’officier d’ordonnance du général de Courson. C’est là qu’il rencontre Juliette Dajon, une Normande qu’il épouse en 1863. Malheureusement, Juliette décède en couche peu après la naissance de leur fils, Pierre-Marie-Arthur-Clément de Brye. Dévasté, Arthur de Brye confie son fils à ses beaux-parents et reprend son poste à Caen.

Lorsque la guerre franco-prussienne éclate en 1870, Arthur de Brye quitte la Normandie pour rejoindre son unité dans les combats autour de Metz. Fait prisonnier, il passe de longs mois en détention en Allemagne. Après la signature de la paix en 1871, il retourne en France et obtient la Croix d’officier de la Légion d’Honneur.

Arthur de Brye poursuit sa carrière militaire avec succès, devenant lieutenant-colonel en 1883 et général de division en 1891. Les habitants de Ranville, reconnaissants, lui offrent une épée lors de sa nomination au commandement du 36e régiment d’infanterie. En 1901, il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’Honneur, couronnant ainsi une carrière remarquable. Le général se retire alors à Ranville, où il vit dans une maison qu’il achète en 1875, surnommée plus tard « Pavillon du général de Brye ». Là, il passe ses dernières années à écrire des ouvrages sur ses expériences militaires.

Il s’implique également dans la vie municipale de Ranville, étant élu conseiller municipal en 1904. Toutefois, un accident l’affaiblit et, en 1906, il meurt, laissant un héritage important à sa famille et à la commune.

G. La famille de Rohan-Chabot.

[Insérer image G] La famille de Rohan-Chabot (G) marque profondément l’histoire de Ranville. Jeanne de Brye, fille d’Hortense Verrier et d’Arthur de Brye, épouse Louis-Marie François de Rohan-Chabot, un capitaine au 67ème régiment d’infanterie, en 1873. Le couple s’installe à Paris, mais en 1906, après l’affaire Dreyfus, Louis démissionne de l’armée et revient à Ranville pour s’occuper des terres familiales.

Durant la Première Guerre mondiale, Louis de Rohan-Chabot reprend du service et est décoré Chevalier de la Légion d’honneur en 1916. Il est élu conseiller municipal de Ranville en 1912, puis maire en 1919, fonction qu’il occupe jusqu’en 1945, même pendant l’occupation allemande.

Un tragique événement marque la vie de la famille : en 1921, leur fils cadet, Sébran, périt dans un accident ferroviaire à la gare Saint-Lazare à Paris. Profondément affecté, Louis de Rohan-Chabot fait don à la commune d’un capital de 8 000 francs, destiné à aider chaque année une famille nombreuse et nécessiteuse de la commune, en mémoire de son fils. Ce legs, appelé « Don Sébran de Rohan-Chabot », est accepté avec émotion par le Conseil municipal.

Jeanne de Rohan-Chabot, pour sa part, est honorée de la Croix de guerre pour son courage pendant l’occupation et lors de la Libération. Le dernier fils du couple, Gaël de Rohan-Chabot, est élu maire de Ranville en 1949, poste qu’il occupe jusqu’en 1971. Sous son mandat, plusieurs infrastructures importantes sont construites, telles que le bureau de poste en 1954, le nouveau presbytère en 1964, la salle des fêtes en 1968 et le groupe scolaire en 1971.

H. La famille Palmade.

[Insérer image H] La famille Palmade (H), originaire d’Ariège, s’installe à Ranville au milieu du XIXe siècle. Le premier membre de la famille devient l’intendant du domaine du général de Brye, qui lui offre une maison en récompense de ses bons et loyaux services. Son fils, Henri Palmade, combat lors de la bataille de Verdun pendant la Première Guerre mondiale, où il est blessé et gazé. Il meurt à Ranville en 1934 et est reconnu « mort pour la France ». Son nom figure sur le monument aux morts de la commune. Il fut camarade de promotion du Général De Gaulle à l’école de Guerre.

Son fils, Pierre Palmade, suit la voie militaire en entrant à l’école de l’air. En novembre 1942, alors qu’il est engagé dans une mission de reconnaissance lors du débarquement allié en Algérie, son avion est abattu par la chasse anglaise. Il est également reconnu « mort pour la France » et son nom est inscrit au monument aux morts de Ranville.

I. Les puits et pompes publiques.

[Insérer image J] Ranville a bénéficié au XIXème siècle et dans la première moitié du XXème siècle d’un réseau de puits et pompes publiques. Ces points d’eau ont longtemps constitué la principale source d’approvisionnement en eau des habitants même si certaines habitations possédaient des puits privés. On en retrouve à Longueval, impasse Palmade (I) ou chemin du Heaume ils répondaient aux besoins domestiques et agricoles avant la généralisation des réseaux d’eau courante.